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ETUDE PILOTE SUR LES FACTEURS DE RISQUE DE SURVENUE D’UN RETRAIT RELATIONNEL PRÉCOCE CHEZ LES ENFANTS DE MÈRES ADMISES EN UMB ET PRÉSENTANT DE GRAVES TROUBLES PSYCHIATRIQUES, ET LES LIENS AVEC LE DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE ULTÉRIEUR.

Résumé

Introduction. La pathologie mentale maternelle peut potentiellement perturber les interactions précoces entre une mère et son bébé. Le «retrait relationnel précoce» (RRP) est considéré comme un signal d’alarme de la souffrance psychique du nourrisson. A ce jour, aucune étude n’a exploré le retrait relationnel précoce chez les nourrissons hospitalisés conjointement avec leur mère en unité mère-enfant (UME). Les objectifs de notre étude sont d’explorer dans une population d’enfants hospitalisés conjointement avec leur mère dans l’année suivant leur naissance: 1) les facteurs socio-démographiques,économiques, environnementaux, familiaux et de santé mentale maternels associés au RRP et 2) les liens entre RRP et mode de garde, scolarité et soins psychiques entre 2 et 5 ans.

Méthodes. Trente-quatre mères et leurs enfants, ayant bénéficié durant leur prise en charge d’un enregistrement vidéo standardisé des interactions mère-enfant, ont été inclus dans l’étude. Le RRP a été évalué à partir de cas enregistrés avec l’échelle ADBB (alarme détresse bébé). Les associations entre RRP et les facteurs sociodémographiques, économiques, environnementaux, familiaux et de santé mentale maternels puis entre le mode de garde, le suivi de soins psychiques et le type de scolarité de l’enfant entre 2 et 5 ans ont été explorées par des analyses univariées.

Résultats. Dans notre population, la prévalence du RRP était de 35%. L’existence d’antécédents psychiatriques maternels tendait à être associée avec le RRP. Les enfants ayant présenté un RRP lors de la prise en charge initiale étaient significativement plus souvent suivis sur le plan psychologique entre 2 et 5 ans que les enfants qui ne présentaient pas de retrait.

Conclusion. Le RRP apparaît comme un indicateur potentiellement sensible de la santé mentale du «tout-petit». Sa présence peut être considérée comme un marqueur de la nécessité de mettre en place un suivi développement régulier.

Note de l’expert : l’intérêt de cette étude est à la fois l’exploration des troubles psychiatrique qui peuvent entacher la relation mère / bébé en dehors de la dépression maternelle et le suivit longitudinale des enfants qui présentaient un retrait relationnel durable bébé. Les études longitudinales sont rares car difficiles à mettre en oeuvre et c’est aussi le cas en ce qui concerne la notion de retrait relationnel, de ce fait, les informations apportée par cette recherche sont d’autant plus importantes d’autant qu’elles corroborent les résultats d’autres études longitudinales ADBB et en santé mentale du bébé de manière générale. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est l’absence de corrélation entre le retrait relationnel durable et les divers facteurs qui ont été pris en compte ( pauvreté, environnement familiale..) autre que la psychopathologie maternel qui montre bien , de façon indirecte, que la qualité de lien parent-enfant est un facteur protecteur de l’adversité et que cette qualité de lien dépends de la santé mentale des mamans. C’est l’accumulation de facteur de risque ou des facteurs de risques associé à des difficultés de santé mentale chez les parents qui met le bébé en difficulté dans sono développement socio-émotionnel.